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  • Ça se passe comment “l’ordination” d’un pasteur ? Il y a une cérémonie spécifique ?

    Tout dépend de la tradition. Dans mon Église, qui rassemble des luthériens (qui parlent d’ordination) et des réformés (qui parlent de reconnaissance de ministère pastoral) on a une cérémonie commune à tou·te·s les futur·e·s pasteur·e·s, dans laquelle on rappelle ce que la Bible dit des ministères, on prie et bénit les ordinands et où un·e inspecteur·trice ecclésiastique impose les mains.

    Si la liturgie en elle-même t’intéresse, il y a un exemple dans ce bouquin, aux pages 46 à 60.

    une église (toutes foi confondues) préférée ?

    Architecturalement, sans hésitation Saint-Pierre-le-Jeune protestant.

    Comme paroisse, c’était Saint-Paul en ville.

    Mais j’aimais aussi me rendre à la messe grégorienne à la cathédrale. C’était magnifique.


  • Alors, je ne suis pas spécialiste des États-Unis, mais ce qui s’y passe n’est pas surprenant. La religion est un fait social puissant, difficile à maîtriser certes, surtout à long terme, mais qui peut quand on l’instrumentalise renverser du tout au tout une situation politique ou au contraire faire durer un statu quo qui sans elle aurait périclité. Et comme il s’agit d’une instrumentalisation, les valeurs et idées portées par la religion en question importent peu. Trump n’en a rien à faire de Jésus et de son message. Les évangéliques radicaux·ales qui le suivent aussi, et dans les autres cercles chrétiens on se moque assez régulièrement de sorties de pasteurs (pour le coup essentiellement des hommes) et de paroissien·ne·s de ses mouvances-là et qui vont rejeter explicitement des citations de Jésus dans les évangiles parce que c’est trop « liberal » (au sens américain, nous on dirait trop progressiste), et ce, même après qu’ils aient appris que c’étaient des citations de Jésus.

    Dans l’histoire du christianisme on a beaucoup d’exemples d’instrumentalisations de ce type. Les princes européens qui vont lancer les croisades parce qu’il y a trop de nobliaux et pas assez de terres, les conquistadores qui vont avancer l’idée les amérindiens n’ont pas les mêmes droits que les autres humains, ce qui va permettre de relancer l’esclavage qui avait été interdit par l’Église, les prêtres et pasteurs envoyés en Afrique pour faciliter et justifier la colonisation, les curés de coron qui prêchaient la soumission aux propriétaires des mines … Mais dans tous ces cas, comme aujourd’hui aux États-Unis (un exemple publié hier), il y a eu des chrétien·ne·s pour s’opposer, au nom des valeurs de l’Évangile, à ces instrumentalisations. Jésus lui-même dans la Bible dit que son nom sera utilisé par des loups.

    Sur la moralité, je me suis amusé à poser la question à des ami·e·s matérialistes (au sens philosophique), qui souvent militent à la gauche de la gauche : d’un point de vue matérialiste, pourquoi essayer de changer le monde pour le mieux ? Je n’ai jamais eu de réponse satisfaisante, uniquement des raisonnements circulaires.

    Je pense qu’on peut tout à fait être moral·e sans être croyant·e, et c’est le cas de ces ami·e·s en question. De plus, le christianisme enseigne que le salut est donné par grâce, et pas par récompense… donc être bon « n’achète » pas une place au paradis, et ne change rien au statut post mortem. Mais je crois que ce qui nous pousse à faire le bien est imputable à Dieu. L’étincelle de moralité est un cadeau que Dieu a donné, sous différentes formes, aux êtres sensibles (je pense d’ailleurs que la science va bientôt démontrer que certains animaux ont des pratiques morales, voire des plantes), quelles que soient leurs convictions religieuses.


  • Alors moi je le dirais autrement. Comparaison n’est pas raison, et il y a des différences fondamentales mais :

    • le chiisme se différenciant du sunnisme par un certain cléricalisme et un attachement à la succession des clercs, je le comparerais plutôt au catholicisme et à l’orthodoxie ;
    • le sunnisme majoritaire considérant le Coran comme Parole incréée et parfaite d’Allah, je le comparerais plutôt au protestantisme évangélique, qui considère la Bible comme la Parole inerrante de Dieu ;
    • le sunnisme réformé et le mutazilisme rassemblant celles et ceux qui considèrent qu’il faut interpréter le Coran comme livre créé et imparfait mais central, je les comparerais plutôt au protestantisme historique, qui voit la Bible comme la porte d’accès à la Parole de Dieu mais pas la Parole de Dieu elle-même.





  • Il y a des Églises évangéliques vraiment problématiques. D’autres ne le sont pas. C’est un monde très complexe.

    Après, la montée de l’évangélisme est dû en grande partie au fait que la plupart des Églises évangéliques proposent des réponses simples, réconfortantes. Il y a aussi une atmosphère presque familiale dans une église évangélique, et là aussi c’est réconfortant. Il y a une grande place laissée à l’émotion, aux sensations, aux expériences, ça parle parce que c’est directement accessible.

    Quelqu’un·e qui n’a jamais mis les pieds dans une église, s’iel rentre pendant un de mes cultes iel ne va pas tout comprendre, iel va se sentir mis à part. On va tout faire pour qu’iel se sente inclus·e, on va lui parler, lui expliquer mais bon, ça prend du temps parce qu’il y a beaucoup de profondeur dans ce qu’on fait le dimanche matin. Prendre une guitare et chanter « Dieu t’aime, alléluia » pendant deux heures, faire monter un sentiment d’extase, c’est facile, mais au mieux c’est plat, et au pire, c’est de la manipulation.


  • Il n’y a strictement aucune maladresse dans tes questions, et si c’était le cas on a le droit d’être maladroit :-) . Merci en tous cas pour ta prévention.

    La religion est-elle “apparue” dans ta vie, ou es-tu protestant depuis petit (parce que tes parents le sont par exemple) ?

    Pourquoi as-tu choisi de faire un doctorat en théologie et de t’engager dans l’Église ?

    Je pense avoir répondu à l’essentiel de ces questions dans ma réponse à Ziggurat, mais je peux développer une partie plus précisément si tu le souhaites.

    Quel est ton rapport aux nouvelles générations, nées dans les années 1990/2000 (la mienne en fait) ? Est-ce que tu vois beaucoup de jeunes pratiquer la religion ?

    Je suis né en 1989, donc je suis pas vraiment d’une génération tout à fait différente de la tienne ^^. Il y a des jeunes qui pratiquent, oui. Moins qu’avant, mais avant iels pratiquaient surtout parce qu’iels étaient obligé·e·s. Aujourd’hui celles et ceux qui viennent, viennent parce qu’iels en ont envie, parce qu’iels sont curieux·ses, c’est plus intéressant pour un·e pasteur·e d’avoir moins de jeunes plus engagé·e·s que plus de jeunes contraint·e·s.

    Que penses-tu de l’IVG ? (je sais que c’est un sujet sensible, tu as le droit de ne pas vouloir y répondre)

    Je suis totalement en faveur du droit à l’IVG. Mon Église a publié d’ailleurs récemment un rappel : Les protestants ne sont pas « contre » l’avortement. Et le planning familial a ses origines dans une association de femmes protestantes.

    Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?

    J’ai été un Twittos acharné. Et ça m’a fait beaucoup de mal. Avant même que Musk ne le rachète j’ai arrêté brusquement pendant un carême, et je me sens mieux depuis. Maintenant je suis essentiellement sur le Fediverse, mais même là je reste un utilisateur prudent.

    Comment as-tu connu Lemmy ?

    Par Mastodon.

    Quel est ton rapport aux autres religions ?

    Là aussi j’en ai parlé un peu dans ma réponse à Ziggurat. Mais pour préciser, je dirais que je considère que Dieu est tellement différent de nous, que nous ne pouvons pas l’enfermer dans des mots. Tout ce qu’on peut dire de Dieu réduit Dieu, or Dieu ne peut pas être réduit. Donc tout ce qu’on dit, tout ce que je dis de Dieu aussi, est faux. Les autres religions sont fausses, mais la mienne aussi.

    Et pourtant, il faut parler de Dieu si on veut vivre en relation avec lui. Ma religion est celle qui correspond le mieux à ma relation à Dieu. Mais ça ne veut pas dire que d’autres formes de religion ne puissent pas aussi permettre une relation sincère à Dieu. Je dirais que certaines oui, d’autre non, mais sans les vivre je ne peux pas les différencier. Mais je ressens que ma relation à Dieu fonctionne, qu’elle me libère, me donne de la force et de l’énergie, donc je n’ai pas de raison d’aller voir ailleurs ^^.